10 février 2005
Tiens !
Quelles étranges réminescences en
relisant les précédentes lignes.. La fougue rageuse qui m'avait poussé
à créer ce journal n'était de toute évidence qu' éphémère, ou bien
n'était-elle tout simplement pas adéquate à remplir la fonction
que j' espérais lui assigner (écrire) ? Ou bien était-ce en fait de la
dépréssion ? C'est en tout cas cette dernière qui me ramène à "mettre à
jour" cet espace.
Victor Hugo a dit que "la
mélancolie, c'est le bonheur d'être triste". Je me dois alors d'être
mélancolique, de briser cet ennui profond. Dire que l'existence que je
mène serait une souffrance est douloureusement comparable à une phrase
typique du lycéen gothique dépréssif : c'est d'ailleurs, sans même
essayer de me justifier subreptiscement pour me séparer du cliché,
faux. Je ne mène pas sa vie : je sors, je "m'amuse", j'ai des dialogues
(dont certains constructifs) avec d'autres personnes. Je mange à ma
faim, j'ai un toit sous lequel dormir, et bien d'autres choses encore.
Je ne souffre pas perpétuellement, ce qui se passe est beacoup plus
amusant, le mal prend une forme beaucoup plus subtile que cela. Les
visages et les paroles glissent, rebondissent sur moi, souvent rien n'a
d'attirance décidée ou sûre - sans même chercher à impliquer une
futilité dans les évènements qui m'entourent. Il
existe des moments où les idées que l'on retourne dans sa tête
paraissent plus réelles que l'immédiate proximité des choses qui nous
entoure, non pas par fuite de la realité due à la frustration mais tout
simplement parce que ces choses semblent tellement moins aporiques,
leur logique en paraît comme suprème face à la paradoxale et terrible
impalpabilité du contexte dans lequel ma personne vit. Est-ce dû à une
réaction face au manque d'horizon ? Ou quelquechose de plus direct, de
plus immédiat : le cru manque de stimulis jugés utiles ? Est-ce que je
souffre, ou est-ce que je souffre de ne rien ressentir ? Suis-je
finalement triste ou anesthésié ?
Même si les deux choses sont comparables, Victor Hugo ne parlait pas de
moi. Cette mélancolie, bien qu'insupportable, je l'apprécie, je m'y
complaît presque ! Toutefois, ce n'est pas du bonheur dont il est
question, mais d'être repu d'ennui. Etre inhibé face à l'existence au
point de la sublimer presque transcendalement. Le désir
de cure est en moi ce soir extrème, et j'ai l'impression que seule
l'écriture pourrait étancher ce besoin qui s'accaparre sans appel mes
sens et mes pensées.
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